Sessions transversales Programme général

Genre, sexualité et vieillissement : défis pour la sociologie

Mercredi 6 juillet, 17h30-19h, université du Québec à Montréal

Le GT07 « Sociologie des sexualités », le CR04 « Sociologie des rapports sociaux de sexe » et le CR06 « Parcours de vie et vieillissement » proposent une session transversale sur l’articulation des questions de genre, de sexualité et de vieillissement. Après la conférence de Michel BOZON, trois spots mettront en valeur des questions majeures qui se posent à la sociologie : a) vieillissement et parcours de vie : l’invisibilité des sexualités ; b) genre et sexualité reproductive : quand la technologie bouleverse les âges de la parentalité et c) sexualité, le tabou de l’avancée en âge. Ces spots serviront à lancer un débat avant que les axes de réflexion qui se dégagent de la session ne soient synthétisés par trois jeunes chercheur.e.s, issu·e·s de chacun des groupes.

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Animation

Jean-Yves LE TALEC est sociologue, chercheur associé au pôle Sagesse (Savoirs, genre, rapports sociaux de sexe) du Certop, à l’université de Toulouse Jean Jaurès et co-fondateur du Groupe de travail n° 7 de l'AISLF, « Sociologie des sexualités ». Depuis la fin des années 1990, ses travaux portent sur le genre, la sexualité et la santé. Il s’est intéressé à la construction sociale de l’homosexualité (notamment, à la figure de la folle et au camp, dans Folles de France, La Découverte, 2008) mais aussi aux cultures sexuelles plus contemporaines telles que le bareback, auxquelles il a consacré plusieurs articles (Culture Health and Sexuality, 2013, n° 10). Il poursuit des travaux sur le genre et la santé (Santé gaie, Pepper, 2010 ; Genre et promotion de la santé, à paraître en 2016), tout en interrogeant l’évolution actuelle des normes de genre et de sexualité dans le champ politique (L’Homme et la société, 2013, n° 189-90) et culturel, en particulier sur l’usage du camp dans les arts du spectacle.

Laurence TAIN est professeure de sociologie à l'université Lumière Lyon 2, membre du Centre Max Weber (dynamiques sociales et politiques de la vie privée) et membre du comité de recherche n°4 de l'AISLF. Elle est aussi la coordinatrice européenne du Master ÉGALES (Études de Genre actions liées à l'égalite dans la société ). Ses travaux de recherche portent sur le corps reproducteur sexué et les professions de santé dans une perspective de genre. Parmi ses publications : « Nouvelles techniques reproductives, nouvelle production du genre : introduction et coordination » (avec Ilana Lowy et Virginie Rozee, Cahiers du genre, 56, 2014) ; Le Corps reproducteur, dynamiques de genre et pratiques reproductives (EHESP, 2013) ; « Le "bon" âge pour avoir un enfant : vieillissement, fécondité et inégalités sexuées » (dans Genre et parcours de vie : vers une nouvelle police des corps et des âges, ouvrage dirigé par Monique Legrand et Ingrid Volery, Presses universitaires de Nancy, 2013).

Ingrid VOLÉRY est maîtresse de conférences en sociologie et membre du Laboratoire lorrain de sciences sociales de l'université de Lorraine. Situés à la charnière de la sociologie du corps, du genre et des âges, ses travaux interrogent la manière dont les acteurs politiques, institutionnels et sociaux contemporains mobilisent les corps pour scander des temps de vie, mais aussi, produire et reproduire des assignations de classe, de genre ou ethnoculturelles aux entrecroisements complexes. Elle a notamment travaillé sur l'encadrement des jeunesses dans les quartiers populaires à forte densité immigrée (2006), sur les définitions scientifiques, institutionnelles et sociales des expériences du grand-âge (2008-2011) et de la sortie de l’enfance (2011-2014) ou, plus récemment, sur la constitution de la « fin de vie » comme temps biographique spécifique. Sur ces questions, elle a notamment publié : « Des sociologues chez les médecins. Représentations croisées des disciplines et des pratiques » (avec Cherry Schrecker, dans Lilian Negura (dir.), L'intervention en sciences humaines : l’importance des représentations, PUL, 2016) ; « Les élèves ont des corps. Regards enseignants » (Ethnologie Française, 2015, p. 643-655) ; « Sexualisation and the transition from childhood to adulthood in France: from age-related child development control to the construction of civilisational divides » (Childhood, 2015) ; « La masculinité hégémonique au crible de l’âge. Ce que les espaces d’animation fréquentés par les 9-13 ans nous disent des masculinités du capitalisme avancé » (avec Simona Tersigni, Genre, Sexualité et Société, 13, 2015) ; « Gouverner la sortie de l’enfance par ses marges ? Les figures du caïd-de-cité et de la fille-de-quartier dans les espaces de l’animation socioculturelle » (Revue des Sciences Sociales, n° 51, 2014) ; « Quand les normes d'avancée en âge amplifient les oppressions de sexe : "bien-vieillir-chez-soi" en zone péri-urbanisée » (Gérontologie et société, 3/146, 2013).

Genre, vieillissement et désir sexuel

Michel BOZON est sociologue, directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques à Paris et chercheur associé à l’IRIS à l’EHESS. Depuis le début des années 1990, ses recherches portent sur la sociologie de la sexualité et l’étude des rapports de genre, en France, en Europe et en Amérique latine. Il a été plusieurs fois professeur visitant à l’université d’État de Rio de Janeiro. Il a été co-responsable de l’enquête « Contexte de la sexualité en France » avec Nathalie Bajos. Il a été rédacteur en chef de la revue bilingue Population et co-responsable de l’unité de recherche « Démographie, genre et sociétés » à l’Ined. Dans les années récentes, il a publié Sociologie de la sexualité (Paris, Armand Colin, 2ème édition 2009), La Formation du couple (Paris, La Découverte, 2006, avec François Héran) et Enquête sur la sexualité en France. Pratiques, genre et santé (Paris, La Découverte, 2008, avec Nathalie Bajos). En 2016, il publiera Pratique de l’amour. Un récit sociologique (Payot). Il a coordonné un numéro spécial « Sur la sexualité » d’Actes de la recherche en Sciences Sociales (N°128, 1999). Il a entamé des recherches sur les inégalités de genre et l'âge, qui prennent pour objet l'expérience subjective de l'âge. À l’EHESS, il enseigne dans le master « Genre, politique et sexualité ».

Dans les transformations contemporaines de la sexualité, un des phénomènes les plus spectaculaires est la prolongation de la vie sexuelle aux âges avancés. La sexualité prend un rôle de plus en plus important comme mode durable d’engagement personnel et de participation sociale, ce qui bouscule les représentations de la vieillesse. Cette intégration potentiellement révolutionnaire de la sexualité et du désir à l’expérience de la vieillesse bute cependant sur l’asymétrie de genre, et sur son intériorisation par les intéressés. Parmi les aînés, après 50 ans et surtout après 60 ans, les femmes sont plus fréquemment que les hommes sans partenaire, ou sans activité sexuelle, en partie en raison des différences d’espérance de vie, qui créent un effet de surnombre à âge égal, mais aussi parce que les hommes, en choisissant des femmes plus jeunes, les contraignent malgré elles à une « retraite précoce », ou enfin parce qu’elles « devancent l’appel » en s’excluant elles-mêmes du désir. La dynamique des liens entre genre, âge et désir qui produit ce résultat et les effets qu’il entraîne restent encore largement à comprendre.
(Nathalie Bajos et Michel Bozon, 2012, « Les transformations de la vie sexuelle après cinquante ans : un vieillissement genré », Gérontologie et société, 140, p. 95-104)

Conclusion et ouvertures

Pour le CR04, Virginie BLUM (Université Lumière Lyon 2, Centre Max Weber)
Pour le CR06, Veronika DUPRAT-KUSHTANINA (Université Charles-de-Gaulle Lille 3)
Pour le GT07, Cécile THOMÉ (EHESS, Iris, Paris)