Sessions plénières Programme général
Mardi 5 juillet, 11h-12h30, université du Québec à Montréal
Johanne CHARBONNEAU est docteure en science politique et professeure titulaire au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS, depuis 1993. Titulaire de la Chaire de recherche sur les aspects sociaux du don de sang, financée par la fondation Héma-Québec et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, elle a débuté sa carrière par des travaux sur la circulation du don dans la famille et le don d’organes. Au cours des décennies, ses travaux ont porté sur les parcours de vie, les réseaux sociaux, les solidarités sociales et familiales, la vie de quartier et les communautés immigrantes. Ses plus récentes publications comprennent les ouvrages suivants : Charbonneau J. et A. Smith (dir.) Giving Blood: The Institutional Making of Altruism (Routledge, 2015) ; Charbonneau J., M.S. Cloutier, A. Quéniart et N. Tran, Le don de sang : un révélateur des enjeux sociaux et culturels actuels, (PUL, 2015) ; Charbonneau, J. et N. Tran (dir.), Les enjeux du don de sang dans le monde. Entre altruisme et solidarités, universalisme et gestion des risques (Presses de l’EHESP, 2012). Elle dirige la revue Lien social et Politiques depuis 2010.
Antonio CASILLI est maître de conférences à Telecom ParisTech et chercheur associé à l'EHESS. Ses recherches portent principalement sur les droits de l'homme à l'heure du numérique (vie privée, travail, liberté d'expression, santé) qu'il étudie en articulant des méthodologies qualitatives et des outils computationnels. Ses derniers ouvrages : Le phénomène pro-ana (Presses des Mines, 2016, avec P. Tubaro) ; Qu’est-ce que le digital labor ? (INA Éditions, 2015, avec D. Cardon) ; Against the Hypothesis of the End of Privacy (Springer, 2014, avec P. Tubaro et Y. Sarabi) ; Les liaisons numériques (Seuil, 2010).
Comment les méthodes et les sujets mêmes de la sociologie s'adaptent-ils pour prendre en compte les formes du vivre ensemble à l'heure de la connectivité et de la traçabilité généralisées ? Au croisement de l'étude des mondes sociaux et des cultures technologiques, la recherche récente n'envisage pas le numérique comme un domaine d’activité à part, mais plutôt comme un champ de tensions où les processus et les notions propres des sciences sociales se reconfigurent. Communauté, travail, amitié, équilibre public/privé, action collective : les usages numériques influencent non seulement les transformations des pratiques communicationnelles et productives, mais également l’émergence de nouvelles définitions de soi, ainsi que des sociabilités inédites.
Vinciane DESPRET est philosophe, psychologue et maître de conférences à l’université de Liège et à l’Université Libre de Bruxelles. Elle travaille principalement, depuis une vingtaine d’années, sur les savoirs à propos des animaux, domaine dans lequel elle a publié quelques livres dont Naissance d’une théorie éthologique, Quand le loup habitera avec l’agneau, Hans le cheval qui savait compter, Que diraient les animaux si… on leur posait les bonnes questions ? (La Découverte, 2012). Elle a également co-écrit avec Jocelyne Porcher, Être Bête (Actes Sud) et, avec Isabelle Stengers, Les Faiseuses d’histoires. Que font les femmes à la pensée ?. Elle a également travaillé dans le domaine de la psychologie des émotions (Ces émotions qui nous fabriquent). Depuis 2007, elle mène une enquête sur les relations entre les défunts et ceux qui restent : Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent (La Découverte, 2015).
Les indices abondent, notre relation aux défunts serait en train de changer. Ces dernières années, on a vu se multiplier quantité de romans, de séries, de films et de témoignages qui semblent vouloir cultiver une posture bien différente de la doxa officielle quant à la question du mode d’existence des défunts. Certains d’entre eux pourraient revenir, d’autres sont toujours là, quoique sur un autre mode, d’autres encore demandent à être nourris, soutenus, pensés, pour continuer à exister. On assiste à une remise en question radicale du statut de certains morts comme disparus, notamment lorsque ceux-ci font irruption dans la vie des vivants pour leur demander de l’aide, voire pour eux-mêmes leur en proposer. Ces morts pourraient bien mettre à sérieuse épreuve les méthodes de la sociologie et des sciences humaines, leurs outils, et les présupposés épistémologiques sur lesquels elles se sont fondées. N’ont-elles pas cru un peu prématurément en la réussite du processus de rationalisation auquel elles ont par ailleurs largement contribué ? Ne s’agit-il pas, à présent, pour elles également, d’apprendre à bien parler des morts et à bien parler avec ceux qui leur parlent ?