Sessions plénières Programme général
Lundi 4 juillet, 14h-16h, université de Montréal
Membre-fondatrice de l’Institut de recherches et d’études féministes de l’université du Québec à Montréal (UQAM), Francine DESCARRIES est professeure au département de sociologie de cette même institution et directrice scientifique du Réseau québécois en études féministes (RéQEF). Auteure du premier ouvrage québécois sur la reproduction sociale des sexes, Les Cols roses et l'école rose, ses champs de recherche sont les théories féministes, l’évolution du discours et des pratiques du mouvement des femmes québécois, de même que des questions concernant la famille, le travail des femmes et la reproduction de la division sociale des sexes. En réponse à des besoins exprimés par des groupes de femmes et syndicaux, elle s’intéresse également à des questions touchant l’antiféminisme, la socialisation des femmes, la sexuation de l’espace public, les stéréotypes sexuels et l’articulation famille-travail.L’Université du Québec lui a décerné en 2011 le Prix d’excellence en recherche et création, pour l’ensemble de sa carrière et la Société royale du Canada lui octroyait, en 2012, le Prix en études du genre pour sa contribution à l’étude des rapports sociaux de sexe.
Eva ILLOUZ est l’auteure de 80 articles et chapitres de livre, de neuf livres traduits en seize langues, la récipiendaire de nombreux prix internationaux de l’International Communication Association, de l’American Sociological Association, de la Humboldt Stiftung, et de la Société de philosophie alpine. En 2004, elle a donné une Theodore Adorno Lecture à Francfort, et, en 2009, l’Université hébraïque de Jérusalem lui a décerné le Outstanding Research Award. Eva Illouz a été membre du Wissenshaftskolleg zu Berlin en 2007 et professeure invitée à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris and à l’université de Princeton.
Cette conférence s'attachera à montrer que, contrairement à l'opinion reçue, les émotions sont très présentes dans la sociologie classique, notamment celle de Durkheim et de Weber. Mais, malgré tout, elles n'ont pas orienté le développement de la pensée sociologique. Ce papier essaiera de déterminer en quoi la pensée sociologique aurait été différente si le rôle des émotions avait été plus mis en avant. Notamment, j'essaierai de répondre à la question : la sociologie des émotions s'appuie-t-elle sur l'héritage de la sociologie classique ou bien s'agit-il d'une nouvelle catégorie ?
Margaret MARUANI est sociologue, directrice de recherche au CNRS. En 1995, elle crée le Groupement de recherche Marché du travail et Genre (MAGE-CNRS), premier Groupement de recherche sur le genre au CNRS. En 1999, elle fonde la revue Travail, genre et sociétés qu’elle dirige depuis lors. Depuis 2010, elle est rattachée au Centre de recherche sur les liens sociaux (Cerlis). Elle dirige le MAGE, devenu en 2011 Réseau de recherche international et pluridisciplinaire, qui rassemble désormais trente universités et centres de recherche dans treize pays. Elle est spécialiste des questions du travail, de l'emploi, du chômage et du genre. Parmi les derniers ouvrages parus : Travail et genre dans le monde, l’état des savoirs (dir., La Découverte 2013) ; Un siècle de travail des femmes en France, 1901-2011 (avec Monique Meron, La Découverte, 2012) ; Travail et emploi des femmes (La Découverte, Repères, 2000-2011) Femmes, genre et société. L'état des savoirs (dir., La Découverte, 2005).
Peut-on penser les mouvements de nos sociétés sans intégrer les logiques de genre ? L’interrogation parait simpliste et schématique comme un zeste de féminisme obligé. Mais elle est indispensable, à défaut d’être évidente. Trop de pages ont été écrites qui, omettant le genre, sont passées à côté d’un certain nombre de mutations fondamentales de nos sociétés. Or, précisément, le genre jette un regard neuf sur la sociologie contemporaine, un regard critique – forcément critique.
Mais il faut savoir que nous revenons de loin ! Le « retard français » en la matière est considérable. Longtemps, très longtemps, il a fallu s’expliquer, s’excuser presque, de travailler sur cet objet douteux qu’est la différence des sexes, sur cette catégorie si particulière que sont les femmes. Et aujourd’hui encore, les débats sur le concept même de genre demeurent houleux. En ce début de XXIe siècle, les études de genre sont encore et toujours un sport de combat.
Mon propos sera de montrer, à partir de quelques exemples précis, les vertus heuristiques d’une mise à l’épreuve du genre : repenser la sociologie en intégrant le genre n’est pas un supplément d’âme. C’est un outil essentiel à l’intelligence du monde social. Ma réflexion s’appuiera sur trois thèmes où se rencontrent questions sociales et problèmes de recherche : la croissance de la population active au XXe siècle, les inégalités face à la retraite et la question de la pauvreté laborieuse.
Détentrice d’un doctorat en économie de l’université McGill, Marguerite MENDELL est économiste et professeure à l'École des affaires publiques et communautaires ainsi que directrice de l’Institut Karl Polanyi d'économie politique de l'université Concordia. Elle a publié de nombreux ouvrages sur l'économie sociale au Québec et à l’international, portant plus spécifiquement sur le développement local, la finance sociale/solidaire, les politiques publiques ainsi que sur la gouvernance et la démocratie économique dans des perspectives empiriques, théoriques et comparatives. Ses publications incluent des analyses de la pensée polanyienne et de sa pertinence au débats contemporain. Elle s’interroge sur les innovations sociétales nécessaires pour répondre aux enjeux et aux défis de la société contemporaine. Elle participe au dialogue international sur les initiatives socio-économiques innovantes et les politiques publiques permettant de réduire la pauvreté et de développer de nouveaux modèles collectifs créateurs de richesse.
Marguerite Mendell est engagée depuis longtemps dans la recherche partenariale et dans la « co-construction » des savoirs. Depuis plus de deux décennies, elle collabore avec les praticiens dans le développement économique communautaire, l'économie sociale et la finance sociale/solidaire croissante, un travail ayant donné lieu à l'élaboration de propositions de politiques publiques à l'échelle provinciale et municipale au Québec. Elle a aussi coordonné des études internationales sur l’impact de l’économie sociale sur l’inclusion sociale qui ont, elles aussi, permis de faire des recommandations sur les politiques publiques des pays concernés par ces études. En 1990, Marguerite Mendell devient la co-fondatrice de la première organisation de microfinance au Canada, l'Association communautaire d'emprunt de Montréal (ACEM) et, en 2009, elle participe à la création de CAP Finances, un réseau dont la mission est de développer et promouvoir la finance solidaire et le capital de développement au Québec. Elle est impliquée dans de nombreuses organisations, notamment comme membre du Conseil d'administration du Chantier de l'économie sociale et membre du Comité consultatif du Partenariat en économie sociale du Québec et pour un développement solidaire et durable. En 2012, Mme Mendell a reçu le Prix Pierre-Dansereau de l'engagement social du chercheur de l'Association francophone pour le savoir (ACFAS). En 2013, on lui décerne le prix scientifique Marie-Andrée-Bertrand, l'un des prestigieux Prix du Québec et, en 2014, elle est nommée officière de l’Ordre national du Québec.
Économiste soit disant hétérodoxe, j’ai toujours eu pour habitude de développer des approches hybrides à l’intérieur des disciplines comme la sociologie économique. Mais je réalise de plus en plus, comme le rappelait déjà Karl Polanyi, que l’activité conjointe d’observation et de conceptualisation au cœur de notre travail en sciences sociales contraint cette dernière à évoluer au fil du temps et à se transformer profondément au fil des problématiques identifiées. Aujourd’hui, les technologies de l’humain, les nouvelles formes de communication tout comme l’engagement croissant des acteurs dans la co-construction d’un nouveau modèle sociétal à travers des innovations comme l’économie sociale et solidaire, l’économie collaborative, l’économie circulaire, le « commun », pour n’en citer que quelques-unes, remettent en cause les hypothèses fondamentales des sciences sociales et nous invitent à repenser nos approches. La complexité de réalité sociale contemporaine ne nous oblige pas seulement à dépasser les frontières disciplinaires, elle appelle à un virage vers la « trans-disciplinarité » qui prend pour acquis cette complexité en identifiant des problématiques demandant une intégration des approches disciplinaires pour résoudre des problèmes spécifiques.